Les effets de la protection MH sur l’espace public

Publié le par Gérard Monnier

France-Culture 2 février 2006, "Vivre sa ville"

Les effets de la protection MH sur l’espace public

1. les effets administratifs

au nom de la protection des abords, un contrôle par l’administration :

•de l’intervention sur les constructions existantes, en application du principe de covisibilité ; efficacité relative : 
le cas de l’immeuble d’habitation construit par un promoteur, face à l’usine Duval de Le Corbusier à Saint-Dié 
le cas de la piscine construite ds le château de Josselin

•par précaution, conduit à des demandes de protection MH, pour anticiper le contrôle des constructions à venir : le cas de la pétition pour la protection MH de l’Arche de la Défense

2. les effets culturels

la protection MH d’un édifice stimule une intervention qualitative forte sur le bâtiment ou sur le site, aux abords du bâtiment :

le cas de l’insertion de l’art contemporain dans le MH : vitraux de Soulages dans l’église de Conques

le cas de Nîmes, où la proximité de la Maison carrée a conduit le projet de médiathèque (Foster arch.), à intégrer l’espace intermédiaire à la transformation du site ; cette intervention globale devenant un argument central dans le projet.

Le projet – oublié – de Niemeyer pour édifier en 1975-1976 dans la Cour carrée du Louvre une construction escamotable dans le sol pour le spectacle vivant, projet abandonné lorsque les vestiges archéologiques du sous-sol ont été connus.

Cette stimulation forte a pour effet souvent d’ouvrir un débat sur la place publique (l’espace public au sens d’Habermas), de provoquer les medias à faire entrer le débat dans les formes de la chronique, avec une présence durable, qui donne à l’affaire quelquefois la dimension d’un événement ; on se souvient du débat sur la pyramide du Louvre.

Ces débats légitiment alors, à un haut niveau d’intensité, l’importance culturelle du concept MH, qui sort de son ghetto administratif et professionnel, pour baigner dans une lumière toute différente ; j’ai vécu cela il ya quelques années avec le concours pour le traitement du sommet de la tour Perret à Amiens.

Notons que ce type de débat culturel et l’intervention sur l’architecture du XXº siècle se produit quelquefois en amont de la protection MH, qu’elle alimente ; c’est le cas au Havre, où dès 1985 la ville met en train le ravalement des façades de l’architecture de Perret et de ses élèves, opération qui conduit à une réconciliation progressive de la population avec son cadre urbain, et qui prépare la création de une ZPPAUP, puis la reconnaissance par l’UNESCO le 15 juillet 2005, au titre du patrimoine mondial.

On peut mentionner dans ce cadre aussi la réhabilitation exemplaire des HBM du quartier des Etats-Unis à Lyon (Tony Garnier arch.), qui a été conduite avec le concours des habitants et qui produit une diffusion par la peinture murale de la culture savante (les dessins d’Une Cité industrielle) et un musée de site remarquable.

Notons que cette stimulation de l’opinion prend quelquefois des directions inattendues, comme ces projets de restitution de l’édifice MH ds son intégrité disparue ; projet de reconstruction de la tour et de la flèche sud de la basilique de saint-Denis, restitution partielle des parties détruites du château de la tour d’Aigues ds le Vaucluse.

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